M Mahamat Zène Chérif, le désormais ex-ministre des Affaires Étrangères a démissionné en publiant sa lettre de démission sur twitter. On imagine la colère et le ras-le-bol qui entourent ce choix, de faire connaître sa décision sur les réseaux sociaux.
Cadre compètent, discret et travailleur, il était dans la ligne de mire de plusieurs personnes dans l´entourage présidentiel.
Selon Ndjamena matin ou pour ceux qui ignorent l’expression, les rumeurs de la capitale ; un ministre et un conseiller voulaient sa place : il s’agit du ministre de la communication Koullamallah et le conseiller Abakar Manani .
Il a fallu au ministre Mahamat Zene Chérif de faire aussi avec la rancune du Directeur de cabinet du PCMT qui lui en voulait de n’avoir pas donné un avis positif pour la nomination d’un de ses cousins pour un poste au ministère des Affaires Étrangères. Ainsi, de plusieurs côtés des tirs ont visé la cible qu’il est devenu pour certains collaborateurs du PCMT qui se sont réunis pour lui nuire. Plusieurs actions mesquines ont eu lieu à son encontre par ailleurs.
Faut-il rappeler que Mahamat Zene Chérif a eu à gérer le dossier des négociations de Doha avec les groupes politico- militaires. Des réseaux de toutes sortes ne lui ont pas facilités la tâche. De nombreuses personnes ressources ont été déployées à Doha pour des contacts parallèles avec les politico -militaires. Est-il étonnant que le processus ait connu des péripéties, provoquées pour la plupart par toutes ces interférences? Sans compter qu´étant à Doha durant 5 mois, il cherchait autant que possible à accomplir ses missions en tant que Ministre des Affaires Étrangères. Ce ne fut pas évident car Abakar Manani s´est positionné pour le remplacer et faire les tournées diplomatiques en Afrique à sa place. C´est leur théorie de l´absence comme l´a dit aussi Koullamallah ; Il est absent donc on agit à sa place. D’un côté, Manani s’empare des missions à l’étranger, de l’autre cote, Koullamallah fonce pour faire une communication au corps diplomatique. C’était vraiment la bousculade pour lui prendre sa place.
Et pourtant, si finalement, le Pré-dialogue a donné des résultats tangibles ; 161 personnes sur 179 sont rentrées au pays, on peut dire que le ministre Mahamat Zene Cherif a réussi sa mission. Mais les jaloux l´attendaient de pied ferme et les provocations n´ont pas manqué de la part de tous les hommes proches du PCMT.
L’affaire de l´ouverture d´un Consulat général à DAKHLA dans le Sahara marocain, alors qu’il n y’a pas de tchadiens à Dakhla, était une grosse opération diplomatique pour consolider la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Et ce fût, Abakar Manani qui la conduisit. On comprend parfaitement que ce positionnement diplomatique du Tchad est le fruit d’un lobbying très intéressé. A qui a-t-il profité réellement ?
Le conseiller Manani a marché sur les missions dévolues à Mahamat Zene Chérif, en se positionnant pour exécuter toutes les missions de sensibilisation auprès des Chefs d’État africains alors qu’elles relèvent de ses compétences.
Le ministre de la communication s’est rendu à la télévision nationale pour nous parler de cette démission. Soulignant « l’absence » du dialogue et du pays à des moments importants du ministre Mahamat Zene Chérif, critiquant sa villégiature en famille, sa mégalomanie, son égo. Laissant entendre que c’est lui qui a fait fuiter leurs échanges WhatsApp.
Le ministre de la communication n’a pas donné des explications sur la crise qui couvait depuis un moment et qui est allée crescendo. Il s’est attaqué à l’ancien ministre avec de gros sabots et une hargne malveillante.
Concernant la question des fuites des échanges Whatapp ; on constate qu’il s’agit de la capture d’écran du téléphone du ministre de la communication à cause de la position des messages en mode envoi ou en réception et tout Ndjaména pointe le doigt sur le Ministre de la Communication. C’est bien lui qui a balancé ses échanges (du moins la partie qui l’arrangeait) avec Mahamat Zene Chérif pour être diffusés sur les réseaux sociaux. Un conseiller du PM a proposé de solliciter les compétences techniques pour être édifié sur l’auteur de la fuite. On lui répondit que ce fut fait dans l’heure qui suit.
C´est ainsi que ceux qui rêvent de prendre la place de Mahamat Zene Chérif ont trompé le PCMT pour se séparer d´un homme travailleur, sérieux, ayant c’est possible, des rapports difficiles avec des hommes du système, qui ont encerclé le PCMT et vont le faire échouer.
Depuis la démission de Mahamat Zene Chérif, il n´y a pas eu de nomination parce que les gens attendent la fin du dialogue pour se positionner. Koullamallah ou Manani ?
Soulignons que les gens se sont coalisés contre l´ancien ministre des affaires étrangères mais personne n’a pipé mot sur la Secrétaire d´Etat soudanaise, appartenant au MJE soudanais. De quels soutiens puissants, la soudanaise a-t-elle bénéficiés ? De la communauté des toroboros (Zaghawas du Soudan) qui a envahi le pays et qui, désormais, compte une représentante au gouvernement ? Pas d’explications du porte-parole du gouvernement sur cette première au Tchad.
La crise au sommet de l´État démontre que la gouvernance du PCMT est sous la forte influence de lobbys organisés qui ont entre les mains des leviers utiles pour agir. En quelques mois, plusieurs crises ont été la résultante d’actions venant de ses collaborateurs proches ; la question du pillage des fonds de la SHT avec arrestation puis libération et enfin repositionnement à la Présidence du ou des responsables. Beaucoup de tâtonnements, de reculades dans la gestion de ce scandale.
La désignation d’une soudanaise, membre du MJE, réfugié politique à Londres à ce titre et qui est parachutée dans la diplomatie tchadienne. Ainsi, à l’Étranger, c’est une soudanaise qui représente le Tchad, symbole s’il le fallait que la promotion d’étrangers soit préférée à celle de nationaux. Le PCMT donne une mauvaise image de lui dans cette affaire.
Et enfin, la question du rapatriement du corps du Président Habré qui a mis en évidence que ceux qui lui disent que ses intérêts sont dans la satisfaction des acteurs du complot contre feu le Président Habré, en versant des indemnisations illégales, n’agissent pas pour ses intérêts mais, bien au contraire, ils extériorisent leur propre haine. Une haine alimentée par des sentiments tribalistes pour certains, par aussi, le besoin d’obéir à des consignes de ceux qui les ont installés là où ils sont, et enfin, par la haine qu’ils ressentent de leurs propres échecs sur toute une vie. Et bien sûr, en haut de la pyramide, se trouvent les hommes du système Deby qui ont besoin de s’accrocher à cette affaire Habré pour que leurs crimes politiques, tribaux, économiques, sans compter les viols ethniques massifs ne soient pas posés sur la table. Peine perdue, tôt ou tard, ce sera mis sur la table.
Dans cette affaire, le PCMT a encore été dribblé par tous ceux qui l’entourent et avec qui, il a parlé de cette affaire.
Ainsi va sa gouvernance, ballotée entre les groupes de personnes qui ont été au service de Deby et ont mis à terre le pays.
Ce pays leur sert de pompe à fric, ils ont érigé des châteaux, traversent les eaux usées et eaux de pluies dans leur V8, ont déjà mis leur famille à l’étranger et continuent de piller pour alimenter leur train de vie. Le Tchad, pour eux, se résume à un territoire de pillages entre bandes organisées et que l’on dépèce chaque jour un peu plus. Dans ce schéma, il n’y a point d’avenir, d’ailleurs personne n’y songe même.
Si le PCMT ne comprend pas le jeu de ses collaborateurs, il échouera et ne pourra rien faire pour le pays, la situation du pays va s’aggraver inévitablement. M Cherif a déploré dans sa lettre de démission rendue publique que « des initiatives et actions parallèles de certains membres du cabinet présidentiel et du gouvernement, soient entreprises à mon insu et sur vos instructions ».
Cette phrase en dit long sur la position de l’ex-ministre des affaires étrangères, il a mis le doigt sur la malfaisance des lobbys qui sont capables de faire changer d’avis le PCMT. Ces personnes, ces lobbys vont faire le vide autour de lui, en faisant partir ceux qui travaillent réellement pour lui et par voie de conséquence, le feront échouer. De nombreuses personnes lui ont fait confiance mais aujourd’hui, il donne l’image d’un homme qui est à la tête de l’État, qui ne peut plus tenir parole parce qu’il est sous pression de multiples groupes organisés qui l’ont pris en otage ; s’il ne se débarrasse pas d’eux, il va échouer.
Prochainement : Le DNIS, 5 semaines, quel bilan ?
La Rédaction de ZoomTchad