Lors de la conférence du PM, Saleh KEBZABO, hier, les mots ont été durs à la mesure de la gravité de la situation. Il a parlé de personnes qui voulaient « fomenter un coup d’État, par le biais d’une insurrection armée. »
Il a décrit Succès Masra comme « un homme ayant une soif incommensurable du pouvoir, un égo surdimensionné et une vantardise démesurée. D’un homme cherchant le pouvoir au prix d’une rivière de sang. »
Le PM a fait allusion aux multiples réunions préparatoires en vue de la manifestation du 20 octobre et il a affirmé que Succès Masra a déclaré lors d’une réunion : « qu’il fallait juste 4 ou 5 morts » qui, selon le PM, permettrait de lancer une campagne de dénigrement sur le plan international.
En fait, Succès Masra, dans un audio, affirmait : « qu’il suffisait de 4 à 5 morts pour que HRW (de Reed Brody) nous aide à lancer une campagne internationale contre le pouvoir. ».
On soulignera que le PM, en fin politicien, n’a pas voulu dévoiler entièrement le contenu de cet audio, évitant de se mettre à dos HRW, prise la main dans la boue du complot.
Cet audio est une preuve accablante contre Succès Masra qui a choisi la voie de la violence mais aussi d’utiliser ses jeunes militants comme de la chair à canon.
Homme pressé qui ne s’est pas remis de ses émotions suite à l’échec de sa nomination proposée par la France comme PM.
Comme chacun le sait, la colère est toujours mauvaise conseillère. Il a d’abord fustigé les Français les qualifiant de « faux amis » (qui l’ont laissé tomber). Il a ensuite appelé à des ruptures.
Aujourd’hui, face à l’histoire, il s’est préparé et a lancé des jeunes hommes, des femmes pour manifester dans la violence, cassant, brûlant et tuant. Pour quels objectifs ? Fallait-il que cette violence serve d’exutoire à sa colère ?
Manifestement, pour un homme qui s’est inscrit dans une voie démocratique, fustigeant la prise de pouvoir par les armes et critiquant, sans arrêt, les politico -militaires, à l’évidence, une importante mutation s’est produite en lui.
Succès Masra a commis la plus grosse erreur de sa carrière politique. Son image en prend un sacré coup.
L’irresponsabilité de cette manifestation préparée et conduite dans la violence, a entrainé une riposte violente. Il était clair pour les forces de l’ordre qu’il ne s’agissait pas de développer un maintien de l’ordre classique mais de faire face à des jeunes manipulés qui voulaient casser et tuer. On a bien eu 10 policiers tués.
Marcher sur des cadavres pour arriver au pouvoir ? Succès Masra connaît bien les méthodes en cours au Tchad. Et malgré cela, il a lancé les jeunes dans la nasse de la riposte policière. Il voulait que le sang coule pour entraîner une émotion internationale qui décrédibiliserait le pouvoir en place. Il ferait alors appel à ses soutiens, à ses complices de HRW et autres.
Malheureusement, pour lui, aujourd’hui, les moyens technologiques et le pouvoir de l’argent font qu’on ne peut plus être sûr que des propos tenus devant un public même très restreint, restent confidentiels.
Succès Masra a voulu organiser un soulèvement populaire genre les printemps arabes. Avait-il la moindre chance dans un pays qu´Idriss Deby, entouré d´éminences grises et d´idéologues appartenant au Clan, ont divisé, subdivisé pendant plus de trente ans ? Quand on choisit en politique de lancer un schéma insurrectionnel, il faut avoir les moyens de mobilisation, de continuation du combat jusqu´à la chute du pouvoir en place. Dans ce chemin « jusque boutiste », il faut impérativement faire tomber le régime et après réécrire l´histoire à votre propre sauce. Succès Masra n´avait ni les moyens ni la capacité de mener un tel combat et de le gagner.
L´échec de cette entreprise l’a conduit à la faute politique et c’est ce qui s´est passé le 20 octobre 2022. Les événements de ce jour constitueront un tournant pour son avenir politique, si le gouvernement va jusqu´au bout et engage des poursuites judiciaires. En attendant, très souvent, l´amertume de l´échec va entraîner des folies, des dérives très graves notamment dans les régions au SUD où les populations civiles sont à la merci des tueurs à la machette. Le gouvernement a l´obligation et le devoir de protéger les populations civiles établies dans ces zones. La stratégie du chaos imposé par la violence engendrera encore plus de violences.
Les dérives verbales, ethnicistes de Succès Masra ont entraîné ses militants à exécuter à coups de machettes des Tchadiens civils installés à Moundou. Ils sont originaires du BET, du Ouaddaï, leurs noms ont été rendus publics. Leurs parents doivent saisir la justice.
Succès Masra est dans une impasse totale, celle de la spirale de la violence, il ne pourra en sortir, car, aujourd’hui, plus de 60 morts et 300 blessés sont sur sa conscience et son coup insurrectionnel a échoué.
Comme on dit, la défaite est toujours orpheline. Les prochains jours seront durs pour lui. Ses chances de convaincre les Tchadiens de voter pour lui, se sont réduites considérablement.
Selon certaines informations, le plan d’un État fédéral dissimulerait, en fait, une véritable sécession à l’image du Sud Soudan. Quand Succès Masra parle de ruptures, il ne parle pas d’un État fédéral, car, dans ce schéma, il n’y a pas de scission, de ruptures, bien au contraire.
Autrement dit, cette folle et sanglante manifestation peut aussi avoir pour objectif de pousser le projet d’une sécession. Quels sont les pays impliqués dans un projet de sécession du Sud dans le schéma du Sud Soudan ? On verra quels sont les relais qui vont bouger dans les prochains jours ? Juste un rappel du rôle joué par HRW dans la dislocation du Soudan avec l’immense campagne internationale autour du « génocide des enfants du Darfour » ; le soi-disant génocide a disparu dès que le Sud Soudan a été créé. Pour monter une campagne internationale et parler de génocide, il faut de la « matière » comme on dit ; les évènements du 20 octobre 2022 devaient-ils fournir cette « matière » à Succès Masra et ses réseaux ? Assurément !
La rédaction de Zoomtchad