Les nuages s’amoncellent au-dessus de la tête du CMT et de son président.
Un véritable bras de fer se prépare avec l’UA qui a sorti un communiqué sans concession contre la junte au pouvoir, annonçant dans la foulée une réunion spéciale sur la transition politique au Tchad et certainement, une batterie de sanctions.
Revenons sur l’évolution des relations entre la junte et l’Union Africaine pour constater que l’organisation panafricaine n’a pas varié dans ses recommandations. Ce sont plutôt les membres du groupe qui dirigent le Tchad qui ont crû pouvoir passer entre les mailles du dispositif de recommandations de l’UA.
De sources proches de l’UA, on rappelle les points suivants : l’Union Africaine a donné une chance à la junte dans la mesure où elle ne l’a pas sanctionnée au lendemain de son installation au pouvoir. Par cette position, elle s’était attirée les critiques des autres pays qui avaient connus un putsch et des sanctions de l’UA.
C’est la raison pour laquelle, un Envoyé Spécial avait été nommé en la personne d’Ibrahima FALL et qui, rappelions, a été rejeté par la junte. L’UA dût désigner un autre Envoyé Spécial qui, finalement, a été installé au Tchad pour contrôler
la gouvernance sur 18 mois. Personne à Ndjamena n’a vraiment compris le rôle de l’Envoyé Spécial ni ne l’a pris au sérieux. Et, remarquons que l’UA a commencé par dénoncer dans son communiqué : « note avec une vive inquiétude l’insécurité croissante dans le pays …» très certainement après un rapport détaillé de son Envoyé Spécial . On peut souligner que M Koullamallah, porte-parole du gouvernement avait qualifié, avec une incroyable arrogance, les 48 morts de Mangalmé causées par des affrontements entre des éleveurs et agriculteurs « d’évènement banal ». Il reçoit aujourd’hui une claque de l’UA. Quand l’incompétence se paye cash.
En outre, le 14 août 2022, juste avant l’ouverture du dialogue, une délégation de l’UA a séjourné au Tchad pour évaluer les intentions de ceux qui détiennent le pouvoir : étaient-ils dans le respect de la ligne tracée par l’UA dans la conduite du dialogue ?
Mieux, le Président de l’UA, Macky Sall est venu en visite au Tchad pour échanger sur la conduite de la transition. Le PCMT, managé par les membres du clan qui l’entoure et qui lui ont fait croire qu’il faut foncer et indemniser dans l’affaire Habré, a demandé au Président Macky Sall de l’aider à indemniser. Ce dernier lui fit savoir que le Sénégal n’est pas concerné par ce volet de l’affaire. La délégation du Président de l’UA est restée sur sa faim par rapport au bilan de la transition et la conduite du dialogue. Le PCMT et son gouvernement étaient à côté de la plaque encore une fois.
On comprend alors, que ce soit Moussa FAKI, lui-même, qui soit monté au créneau au nom de l’UA, à l’ouverture du dialogue, pour assener des vérités crues au PCMT. Le PCMT et ses conseillers encaissèrent le coup de poing et s’agitèrent en adressant de multiples coups de téléphone aux Présidents africains. Autrement dit, ils étaient bien conscients que des choses se préparaient contre eux.
C’est ainsi que Abakar Manani prit la place de Mahamat Zene Chérif et fit une grande tournée auprès des pays membres du Conseil de Paix et de Sécurité. Homme d’affaires, il n’avait aucune notion de diplomatie et pire encore, aucune connaissance en termes de carnet d’adresses et du jeu des institutions et de leur rôle au sein de l’UA. La preuve de ce pilotage à vue : les conseillers du PCMT ont engagé l’État Tchadien dans l’ouverture d’un consulat du Tchad dans la ville Dakhla dans le Sahara Marocain, se mettant automatiquement à dos les autorités algériennes, très puissantes au sein de l’UA.
La panique des autorités tchadiennes a certes été dissimulée à l’opinion mais on a eu des interrogations face à certains aménagements dans les propositions au sein du DNIS : la suppression du CMT, la durée de la transition ramenée à 24 mois au lieu de 36 mois, étaient pour le gouvernement de Mahamat Idriss Deby des mesures en direction de l’UA pour éviter la crise.
Force est de constater que l’on s’achemine vers une vraie crise au Tchad où le PCMT entouré par les membres du clan et par l’élite intellectuelle qui dirige le Tchad , a été un homme qui permettait le maintien du système Deby et de ses hommes clés qui font pression sur lui et orientent toutes ses décisions dans le sens du maintien du pillage des ressources à leur profit exclusif , en donnant des miettes à leurs alliés recrutés au sein du dialogue pour faire le boulot : qui, une V8, qui, 200 millions, qui, une villa , un groupe électrogène . On aura relevé que les Zaghawas qui tirent les ficelles de la mal gouvernance sont totalement absents du DNIS au sein du duquel un nouveau Tchad est censé naître. Et pourtant, ils sont là et contrôlent tout. Ainsi le DC du PCMT suit la retransmission et envoie des directives au Présidium. Des notes ignorées par le PCMT.
Aujourd’hui, après 18 mois, on fait le constat que le PCMT ne dispose pas d’un vrai pouvoir pour changer les choses au Tchad. Récemment, des nominations décidées par lui, ont été refusées par des généraux du CMT. On l’utilise pour perpétuer un système qui a anéantit le Tchad. Il serait judicieux pour lui, de penser à lui, à son avenir et de mettre fin à sa prise d’otage pour que le système Deby perpétué par ceux qui en tirent profit, s’effondre pour le bien des populations tchadiennes.
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aujourd’hui, l’Union Européenne et donc y compris la France, a attribué un rôle à l’Union Africaine pour diligenter sa politique africaine. Ainsi, en termes de communication politique, c’est une organisation panafricaine qui s’adresse aux pouvoirs africains. En ces temps de sentiment anti -français sur le continent africain, cette stratégie s’est avérée payante.
Cela veut dire que les autorités françaises partagent et soutiennent les actions de l’Union Africaine. Dès la parution du communique de l’UA, le sénateur américain Bob Mendez a demandé des sanctions ciblées contre la junte pour entrave à la démocratie. Le Grande Bretagne, très discrète, sur la situation du Tchad a jugé nécessaire de rattraper son retard dans la défense de la démocratie en soutenant la position de l’UA à travers un communiqué.
La question des ambitions de Moussa FAKI a un impact au sein de l’UA dans la mesure où le pouvoir perd une voix qui peut militer en sa faveur. Mais cette perspective d’un positionnement de Moussa FAKI pour les élections présidentielles ne peut, à elle seule, faire basculer l’UA pour exécuter son plan de conquête du pouvoir au Tchad.
La junte, ses hommes qui ont mis en coupe réglée le Tchad, sont les seuls responsables. Leur volonté est de continuer à piller le Tchad, à capter toutes les ressources par le positionnement de leurs parents, à appeler en soutien des étrangers, en l’occurrence les Toroboros pour renforcer leur capacité à mener des actions de répression sur les populations. La masse de personnes qui collabore à ce système, cherche à rendre service pour avoir quelques retombées financières en avalant des couleuvres chaque jour. Ces hommes et femmes ont pu ainsi amasser des fortunes en s’activant au sein du MPS, dans l’administration, dans l’armée, dans le gouvernement etc. Ceux-là vont quitter le navire Tchad dès qu’il va tanguer. Quant à ceux qui sont plus haut ; combien ont déjà installé leur famille en Égypte, à Dubaï, au Cameroun, au Soudan.
Le PCMT n’a aucune idée de comment gérer un tel chaos ni sur qui compter pour le faire dans la mesure où il n’a pas la possibilité de choisir ses hommes et que toutes ses décisions vont dans le sens d’un renforcement d’un système honni par les Tchadiens. A la mort de Deby, des fonds importants ont été transférés du Trésor public au Palais et c’est ainsi que tous les membres de la famille Deby Itno et les généraux du clan se sont partagés tout cet immense pactole, fruit du travail de tous les Tchadiens, en parlant de l’héritage d’Idriss Deby, à partager.
Que peut le PCMT pour le Tchad ? Son avenir est en pointillé …
LA REDACTION DE ZOOMTCHAD