Dans un huis clos médiatique, sous le silence des ONG et la désinformation des zélés du régime MPS, il se passe des choses très graves dans cette ville carrefour du grand Kanem, située à deux cent trente deux km au nord-est de Ndjaména; elle figure dans le lot de ces villes oubliées du régime en place qui n’ont bénéficié d’aucun investissement, donc dépourvues de toute infrastructure de base. Ville laissée pour compte sans poste de santé crédible et fonctionnel, sans rues ni routes véritables et sans assainissement. Moussoro survit grâce à ses populations profondément attachées à leurs terres, autrefois bénies, nourries et fleuries par les eaux pures du Bahr-Al-Ghazal (le fleuve des gazelles).
Depuis plusieurs mois, chaque jour, les populations de Moussoro et des environnements subissent des exactions quotidiennes de la part des militaires Zaghawa positionnés dans la localité. Le régime MPS est sur les dents car les groupes de la rébellion armée en Libye sont majoritairement issues de ces localités. Alors, comme du temps de Tombalbaye, les populations dont les fils et même les filles ont pris les armes contre la répression du régime d’Idriss Deby subissent, en représaille, les pires exactions.
On a eu l’affaire Zouhoura, puis récemment l’affaire des prisonniers menottés et lâchement exécutés par les parents d’Idriss Deby. Dans cette affaire, on a vu des officiels tchadiens, notamment le SG du MPS, M. Zen Bada, dans une déclaration à la télévision, la réduire à une affaire de vendetta. Mais, la vendetta ne concernait qu’un seul homme, extrait du groupe des prisonniers et exécuté devant tous. Mais ensuite, le groupe des neveux d’Idriss Deby a fait un tri parmi les prisonniers restants, selon leur appartenance ethnique: Anakaza, kréda et kanembou et les ont fusillés. Les uns sont assimilés à la communauté du Président Hissein Habré et les autres à la rébellion armée en Libye.
Et c’est ainsi quotidiennement, dans les marchés, dans les lycées, et maintenant dans les camps militaires. Il y a deux semaines, un groupe de 10 militaires Zaghawa ont tué un militaire gorane en le rouant de coups. Dans le camp, une protestation s’est faite entendre aussitôt. Mais, sur une base ethnique, on a désarmé les militaires non Zaghawa. Le chef du camp de Moussoro prenait ses instructions d’Idriss Deby à Amdjaress par téléphone. Ordre a été donné de rassembler et de protéger les familles des Zaghawa en poste à Moussoro. Voilà comment le piège se referme sur les habitants de Moussoro; d’un côté désarmement de leurs fils militaires, exactions sur eux et de l’autre coté, protection des familles des criminels. Et c’est l’armée soi-disant nationale qui organise cette politique ethniciste sous l’ordre d’Idriss Deby.
Encore ces dernières semaines, un autre pas de plus a été franchi dans la répression à Moussoro, ville martyre. Sous prétexte d’appartenance à Boko Haram, des militaires Zaghawa ratissent la zone, arrêtent et torturent tous les jeunes hommes, réservoir des rébellions armées selon les zélés du régime qui commencent à paniquer gravement.
C’est ainsi qu’encore, il y a moins d’une dizaine de jours, une révolte a eu lieu et des affrontements se sont produits à coups de couteaux et de gourdins face à des actions de représailles menées contre un village où les militaires Zaghawa sont venues opérer des rafles de jeunes.
Ayant appris ce qui se passait, des militaires originaires des localités et désormais désarmés au sein du camp militaire de Moussoro, ont prêté mains fortes aux populations maltraitées. Le Chef du camp de Moussoro était absent, il était allé prendre des instructions à Amdjaress pour faire face à la situation qui se dégrade chaque jour. Dés lors, il a fallu faire venir des renforts de Ndjaména pour stabiliser la situation.
C’est dans cet enfer quotidien que vivent les populations, et la situation va aller s’aggraver crescendo car, de partout, les fondations du régime d’Idriss Deby se fissurent.
Aussi, c’est l’occasion de se poser la question sur le positionnement des groupes de la rébellion armée présents en Libye depuis plusieurs années. Ces groupes qui, aujourd’hui, servent de prétexte à Idriss Deby pour faire subir tant de souffrances aux populations. En réponse, Zoomtchad prépare, pour bientôt, un dossier spécial sur les groupes de l’opposition armée en Libye.