La grande palmeraie de Faya, dans la région du BET, connaît depuis quelques jours, des manifestations populaires importantes. La situation a dégénéré après que le chef de Canton, chef traditionnel ait fait un audio pour dénoncer la dégradation de la situation sécuritaire des populations à cause de bandes armées qui érigent des barrages, rançonnent et tuent les populations sans que l’Etat ne bouge. Réaction immédiate des autorités, arrestation et emprisonnement du Chef traditionnel, puis libération avec des mesures punitives à savoir : le Chef de canton étant aussi colonel, il fut rétrogradé comme soldat 2ieme classe et a perdu tous ses droits. Une manifestation a été organisée pour protester contre cette injustice du Gouverneur de la région. Un jeune lycéen de 15 ans a été abattu par les militaires.
Aujourd’hui, les manifestations se sont amplifiées, les femmes sont sorties massivement et ont scandé : Gouverneur DAGUIRDI ! (Le gouverneur, on n’en veut pas !).
La grande place blanche a été occupée et est devenue le lieu de rassemblement: organisation, solidarité, partage, mobilisation pour exprimer leur ras-le-bol.
La question fondamentale qui se pose : c’est que Faya ressemble à de nombreuses villes tchadiennes qui ont subi la politique de discrimination ethnique, d’injustices, d’organisation de la misère et de la pauvreté. Faya, Mao, Bol, Mongo, Ati, Doba, Am-Timan etc, sont toutes dépourvues de tout. Pas de routes, pas de centre de santé, pas d’eau potable, pas d’électricité, pas de lycées, pas de réseau téléphone, pas de banques, pas de sécurité, pas de développement de quoique ce soit.
Cette situation est le travail d’Idriss Deby. Pendant 30 années, il a travaillé à diviser les tchadiens, à les affaiblir pour mieux les écraser. Beaucoup de gens qui ne veulent pas que leurs enfants soient tués comme des lapins dans la rue, se sont tuent et prônent de baisser la tête et de se soumettre ou de quitter le pays. C’est ce que l’on voit sur TIK TOK où de jeunes femmes dénoncent l’absence d’électricité, d’internet pendant des mois dans certains quartiers de la capitale. Ce à quoi, d’autres répondent en leur demandant « de se taire sous peine de mort certaine, de supporter parce que : c’est cela la vie au Tchad ou bien, de quitter le pays. «
Certains ont préféré collaborer avec le système Deby, de fermer les yeux sur les souffrances de leurs parents, d’avoir les postes, de vivre ainsi mieux que les autres. Mais c’est une vie de ‘’Hogra’’ qu’ils supportent en avalant des humiliations quotidiennes. Ils sont quotidiennement éclaboussés, leur djallabie entaché par leur collaboration aveugle.
Après le gouverneur, les populations devront rejeter tous les politiciens de 4 sous qui, en leur nom, reçoivent des postes et de l’argent du pouvoir MPS.
L’argent du pétrole a été partagé à Ndjamena, y a été investi puis sorti du pays pour Dubai, l’Afrique du Sud, la Malaisie mais aussi l’Égypte. Dans ce pays, on a vu s’installer depuis 10 ans, toute la caste d’hommes politiques, de cadres, de généraux du régime Deby qui ont planqué tout l’argent détourné et vivent désormais à 80 % en Égypte. Depuis la mort d’Idriss Deby, c’est par avions que les familles Zaghawa se sont Installées au Caire achetant à tour de bras des villas.
Faut-il accepter la ‘’Hogra’’, une vie de misère, de pauvreté, de brimades, d’humiliations quotidiennes? Depuis que le Tchad est Tchad, de toutes les régions du pays, les Tchadiens ont résisté à l’oppression, à la violence aveugle et aux injustices.
Quand les forces libyennes et leurs mercenaires tchadiens ont occupé et souillé le Tchad, des fils du Tchad, de toutes les régions ont versé leur sang pour libérer leur pays, afin que les Tchadiens continuent de marcher la tête haute et que leur pays reste le Tchad quand Goukouni Weddeye voulait le faire disparaître en signant un accord de fusion avec la Libye.
Et ce courage a permit de rétablir la dignité du Tchad mais aussi de préserver ses richesses. Aujourd’hui, depuis 31 ans, un pouvoir familial, clanique aidé par la Libye et la France s’est implanté et a utilisé une violence aveugle pour s’imposer. Mais ce pouvoir s’est construit, par aussi, la complicité de certains fils du Tchad, issus de régions délaissées, appauvries et discriminées. Il a suffit pour ce régime MPS de prendre une personne d’en faire un milliardaire en le laissant détourner, l’encourageant à étaler grossièrement sa richesse pour que la propagande se mette en marche et assimile cette richesse personnelle du corrompu au développement de toute une région grâce à Idriss Deby. Et ainsi de suite. On peut en faire une liste bien précise. Et pourtant, ces milliardaires vendus savent pertinemment que c’est toujours une insoutenable précarité et un dénuement total dans leurs régions d’origine.
Les Tchadiens sont dans leur ensemble face à leur destin. Malgré les divisions créés et entretenues par Feu Idriss Deby, il est possible de dire NON à cette vie de misère quand chaque tchadien travaille et que d’autres s’emparent du fruit de son travail. L’honneur et la dignité sont des valeurs tchadiennes, et ce, dans tous les groupes sociaux au Tchad, l’honneur est défendu et protégé. L’honneur, c’est dire Non.
Les populations de Faya, hommes, femmes, jeunes, enfants, personnes âgées, ont marché et scandé et exprimé, haut et fort, leur NON. A tous les Tchadiens, dans chaque région pauvre, appauvrie volontairement, délaissée, sans infrastructures, sans eau potable, crier votre NON, à cette vie que vous ne méritez point et qui est organisée par le système MPS. Un système à bout de souffle, moribond et qu’une vague de NON va faire tomber, comme ce lance-pierre qui a fait tomber le drone français.
Un extraordinaire symbole. Un lance-pierre, c’est vraiment une toute petite chose du monde primaire et artisanale qui, finalement, vient à bout du symbole de la guerre moderne, issu de la plus haute technologie, sans pilote et qui permettait en portant et larguant des bombes, de massacrer des populations en ayant zéro dégât humain. Peut-on prétendre, en faisant usage d’une arme aussi redoutable, être encore des démocraties ?
Ces bras d’un enfant de 13 ans qui se sont étirés pour viser, lancer et atteindre sa cible constituent aussi un retentissant NON dans ce ciel Burkinabé, à l’instar de celui de Faya, au Tchad.
Feu le Président Habré a été, avant tout, un homme de refus, un homme qui a dit très tôt, NON ! NON à l’impérialisme français, NON à l’expansionniste libyen, NON à la liquidation des intérêts pétroliers du Tchad. Il était un digne fils de Faya.
LA REDACTION DE ZOOMTCHAD