Le Pré-dialogue est en train de s’enliser à Doha et a donné lieu à un véritable embrouillamini.
La grande messe de la réconciliation et de la paix s’est embourbée dès la cérémonie d’ouverture. Qui pouvait en douter ? Sur une initiative de la France, représentée à Doha par l’ancien ambassadeur au Tchad, Bruno Foucher (2006-2010) le Pré -dialogue ne peut pas évoluer positivement sauf à privilégier des accords séparés avec les politico-militaires qui sont prêts à signer selon leurs conditions.
Mais, la conduite des négociations qui a considéré qu’il faille prendre en un seul tout les mouvements politico-militaires est inefficace et ne donnera aucun résultat tangible.
Le gouvernement a lui-même allongé la liste des politico-militaires jusqu’à 52 mouvements dont les 3/4 n’en sont pas. La paralysie recherchée et attendue est bien arrivée.
Force est de constater que les politico-militaires n’ont pas la même stratégie. Timane Erdimi a déjà évoqué ses conditions, elles sont différentes de celles du Fact. L’UFDD a aussi ses objectifs et sa stratégie. Le FNDJT idem. Le CNR, le Parti de Abakar Tollimi aussi. L’agenda des autres est différent aussi.
Autrement dit, la préparation, la conduite des négociations est un véritable fiasco. Tout a été géré par le gouvernement et les gens de la DGSE en mettant à l’écart les politico-militaires qui, il faut le dire aussi, n’ont pas dit mot, depuis de longs mois. Mieux, ils ont pris leur billet, sont allés à Doha, se sont assis autour de la table, pour en ce qui concerne le FACT dénoncer l’organisation de cette rencontre. Il fallait le faire en amont, officiellement, et ne pas y prendre part, tant que les choses n’étaient pas bien sur les rails.
La surenchère médiatique n’arrange pas les choses. En politique, on dit que les absents ont toujours tort, l’absence de M Mahadi n’arrange rien dans la fluidité des échanges entre politico militaires. Est-ce pour compenser cette absence que le leader du Fact a abondamment communiqué ces jours-ci pour critiquer les conditions de cette rencontre ?
L’impasse est là, alors que les importantes questions de fond n’ont même pas été posées sur la table.
Rappelons que les préalables ont été réalisés : il s’agissait de l’amnistie, de la restitution des biens immobiliers appartenant aux politico-militaires occupés arbitrairement.
Le FACT a posé la question de ses prisonniers de guerre exécutés. Le gouvernement devra y répondre.
Certains groupes ont posé la question de la révision de la charte de la transition pour empêcher le Président du CMT d’être candidat aux élections présidentielles après la fin de la transition. Ils s’alignent ainsi sur la position de Wakhit Tama.
Si l’on considère les principes juridiques qui organisent à travers le code électoral, les conditions pour une candidature à l’élection présidentielle. Il n’est nulle part fait mention que : « si vous avez dirigé une transition, vous ne pouvez pas être candidat ».
Partant de cela, ce que les gens peuvent réclamer, c’est que si le Président du CMT veut être candidat après la transition, il doit quitter son poste pour être à la tête de son parti et mener compagne, ce qui l’empêchera d’utiliser les moyens de l’Etat dans la campagne.
Pour sauver ce pré-dialogue, la porte de sortie est de privilégier des négociations avec chaque mouvement politico-militaire et le gouvernement tchadien les connaît. Ils sont présents à Doha, les autres figurants qu’il a installé dans la négociation, il devra les gérer lui-même puisque leur rôle était de rendre impossible une entente entre politico-militaires. C’est réussi.
Maintenant le gouvernement a un échec qui lui pend au nez, lui, ses alliés et sa tutelle, principaux organisateurs et responsables de ce chaos. Assumer l’échec ou se diriger vers des négociations avec les vrais politico-militaires, obtenir des accords, sauver ainsi le processus de paix, et avancer, enfin, pour se mettre au travail pour le Dialogue National Inclusif.
LA REDACTION DE ZOOMTCHAD