Les mots en politique permettent de s’interroger sur l’exercice du pouvoir, ils véhiculent des concepts et des idées, redéfinissent aussi le langage politique. L’Alphabet, à travers ses lettres nous a servi de prétexte pour revisiter le sens de certains mots à l’aune de la pratique politique.
A comme ambition. Elle peut naître très tôt en l’homme politique, elle peut aussi se développer, croître à l’exercice du pouvoir. Certains sont prêts à tout pour la réaliser : compromissions avec des forces étrangères, trahisons, crimes, guerre. D’autres ont besoin d’être portés, soutenus par des proches pour la réaliser.Toute ambition est présentée comme une ambition pour le pays.
A comme argent.C’est le nerf de l’action politique. La politique est aujourd’hui perçue comme un moyen de s’enrichir très rapidement. Et de plus en plus, les citoyens exigent de percevoir quelque chose pour participer à un meeting. La politique du décret comme on dit,le pouvoir de nomination est largement utilisé pour offrir des situations financières confortables. La distribution de cash, ou de vivres alimentaires vise le même objectif. Cette sensibilité des personnes à l’argent, fait dire aux politiciens : « chaque homme à son prix » ou encore « les gens n’ont que des problèmes alimentaires ». Peut-on faire de la politique sans argent ? Très compliqué,mais force est de constater que l’argent n’est pas tout dans les choix politiques des citoyens,c’est la raison pour laquelle, de nombreux autres moyens sont utilisés comme le bidouillage des listes électorales, le bourrage des urnes pour sceller le sort d’une élection et voler le suffrage des citoyens.
A comme amitiés. En politique pour certains monarques, elle est précieuse, elle est aussi synonyme de délicieux privilèges. Certains l’exhibent, « nous avons fait les classes ensemble’, » nous avions partagé la même chambre d’étudiants ». Le Président montrent certains, voyage avec eux. D’où la célèbre formule de Poniatowski ; « voici venu le temps des copains et des coquins ».Ayant participé avec lui, à la pénible ascension par l’escalier pour conquérir le pouvoir, le Président tient à renvoyer l’ascenseur à ses amis, tout y passe: marchés, dégrèvements fiscaux, prébendes, nominations etc.
B comme base. Pour faire de la politique, il faut avoir une base, dit-on. La valeur d’un ministre s’apprécie par sa capacité à rassembler avant tout des voix pour le parti au pouvoir. Autrement dit, ses compétences à travailler et à réaliser les objectifs de son département sont secondaires.
Dès lors, on voit des ministres se mobiliser pour reprendre contact avec le village oublié depuis des lustres, développer des stratégies de reconquête du terroir : fréquentations des lieux de culte, descentes au village, actions en faveur des jeunes, des femmes du village. Le Chef peut être, plus direct. Celui qui perd l’élection perd sa place de ministre.On peut se demander à quoi sert le parti. N’est-il pas une machine à faire gagner les élections ? Voilà pourquoi, dans certains pays, ce sont les fils des chefs de cantons qui sont nommés ministres ou DG de grandes sociétés ainsi le vote de la localité est assuré. Curieuse revanche sur les ministres super diplômés et les cadres dynamiques qui voulaient par leurs compétences chèrement acquises travailler pour le pays.
C comme confiance. « Ne te fie à personne quand tu es au pouvoir. Seuls ceux qui feignent l’amitié existent autour de toi ». C’est possible. François Mitterrand faisait surveiller et écouter plus de 4000 personnes par une cellule spéciale installée à l’Elysée et dirigée par Paul Barril. La confiance n’exclut pas le contrôle.
C comme courtisans. Le phénomène de cour existe depuis longtemps, il a évoluéselon les époques. Aujourd’hui, c’est devenu une institution avec son protocole,sa diversité,son apprentissage, sa compétition interne. Hommes de lettres, journalistes, avocats, hommes politiques appartiennent à la Cour. Le Président a parfois des courtisans qui l’accompagnent pour une promenade dans la ville, à pied dans la campagne, pour présenter des condoléances, pour les sommets internationaux(conseils européens, sommets de la CEDEAO ou de l’ UA), pour le pèlerinage à la Mecque,pour une place dans l’avion présidentiel lors d’un voyage à l’étranger. Ou encore des courtisans qui jouent aux cartes avec lui, lui racontent des blagues et des histoires pour le faire rire. Les courtisans peuvent aussi avoir fait un apprentissage par la fondation de la Première Dame et passer ensuite à la Cour du Président,preuve qu’ils l’ont mérité.
D comme droits de l’homme. Nos cerveaux formatés ressortent régulièrement que le siège des droits de l’homme est à Paris, à l’Elysée qui les réécrit selon ses intérêts et en perçoit toujours les dividendes. Qu’importe que son armée commet des crimes abominables jusqu’ à nos jours,au Tchad, au Mali,en RCA,sur tous les fronts où elle est engagée. Qu’importe que ses services assassinent les leaders africains, hier, en les empoisonnant, les tuant par des commandos et aujourd’hui, en les emprisonnant à vie.Qu’importe ses contradictions; on flirte et on encaisse les pétrodollars d’un Khadafi qui n’a jamais organisé d’élections en 49 ans de règne, et, on bloque les résultats d’élections libres et transparentes en Algérie quand les islamistes les gagnent.
Qu’importe, on répétera toujours que la France est la patrie des Droits de l’homme ! C’est cela le lavage des cerveaux !
E comme enrichissement. L’homme politique qui commence sa carrière compte d’abord sur ses proches, sa famille, qui sont ses premiers militants.Ceux-ci ne ménagent aucun effort au soutien qu’ils lui apportent sur tous les plans. C’est pourquoi en toute logique, une fois la victoire acquise, il doit les servir à son tour puisque les moyens sont là, à portée de main. Demain si les choses vont mal, eux ne le lâcheront pas.
Quels que soient les continents, cette logique s’est appliquée à différents niveaux de responsabilité. Un exemple simple : l’ancien Premier Ministre français François Fillon a bien recruté sa femme comme assistante parlementaire mais il a aussi attribué à ses deux enfants avocats des marchés de consultance. Mitterrand a nommé son fils Conseiller aux Affaires Africaines, Sarkozy voulait positionner son fils à la tête du conseil qui gérait le quartier des affaires de La Défense. En Afrique, la question devient inquiétante quand le Monarque Président, après avoir satisfait, le premier cercle familial, il l’élargit à son ethnie, à son clan, deuxième cercle de soutien.
F comme Fourberie. « Simule et dissimule. Tu pourras ainsi éliminer tes ennemis, gagner la grâce des puissants et conserver ta place » est un conseil souvent donné à l’homme politique.
Cela est valable aussi pour celui qui, dans l’entourage du chef,convoite son trône.
Ainsi, de nombreuses personnes sont déçues que l’homme politique ne soit pas un homme de parole, ne tient donc pas parole,tergiverse,avance et recule,avec finalement comme ligne de mire que ses intérêts personnels.
F comme françafrique. Véritable pieuvre avec ses multiples tentacules politique, médiatique, économique, elle réduit à néant le travail de millions d’africains en faisant main basse sur les secteurs clés et en transférant sans aucune difficulté tout ce qu’elle a pompé. Son système perdure depuis plus de 60 ans, il est défendu par les générations des élites françafricaines formatées par les médias mais aussi le contenu des enseignements pour en assurer la défense. La françafrique élimine, tue, assassine tous ceux qui tentent de desserrer une seule de ses tentacules qui nous étouffe. Aucun pays africain dans la sphère françafricaine n’a pu offrir à ses populations, une autosuffisance alimentaire, une meilleure éducation,ni un accès de qualité à des soins de santé et ce depuis 60 ans. Faut-il continuer avec une équipe qui vous empêche de progresser,qui se positionne comme maître de votre avenir, par le choix de vos dirigeants, par le monopole sur votre économie,sur votre richesse, sur vos choix et priorités grâce au FMI et à la BM ?
G comme guerre. En politique, elle exerce une certaine fascination. On la hait, la condamne mais à la première attaque, on crie « Aux Armes « . On reste parfois sans voix devant la force de frappe de ceux qui, hier, la critiquaient quand ils n’étaient pas aux commandes. On a vu ainsi chaque Président français vouloir à tout prix sa guerre à l’étranger pour démontrer son pouvoir, causant des victimes innombrables parmi les populations mais tant pis pour elles, l’essentiel n’est-il pas, dans la remontée de sa côte de popularité? Le Tchad est un bel exemple où les populations, depuis 1962,ont subi les descentes de la légion étrangère et continuent jusqu’à aujourd’hui, à les subir dans la mesure où les fameux mirages français bombardent ceux qui se rebellent contre la dictature d’Idriss DEBY. De Gaulle, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Macron, chacun a eu sa guerre. Vive la guerre !
Le Président se déplace même sur le front avec la télévision bien sûr, pour encourager ses troupes,en plein désert sur une base militaire ou sur un porte-avions. Voici comment dans un système démocratique,un Président élu provoque, pousse ses armées à commettre des crimes abominables en versant très peu de leur sang , en bénéficiant d’une totale impunité. Lui a payé son tribut à la guerre et a pu apprécier la montée en flèche de sa côte. Assurément,il manquait du monde appartenant à la légion étrangère au procès Habré. La justice internationale ?Une belle farce !
H comme honneurs. Le pouvoir donne droit à de multiples honneurs. L’homme au pouvoir voit son entourage se modifier totalement, dès l’instant où il s’assoit sur son trône ; respect, considération, déférence, protocole, éloges, louanges. Toutes les institutions lui rendent toutes sortes d’honneurs.Parfois, on s’interroge sur le pourquoi d’un intérêt pour la politique, d’hommes qui ont déjà la richesse,une belle carrière. Mais,il leur manque les honneurs, que l’argent ne peut pas apporter. Et cette course vers le pouvoir s’explique par la recherche de ces honneurs que seul procure le pouvoir. Le pouvoir use mais non le plaisir de s’en servir.
I comme Infrastructures. Elle a été la trouvaille du FMI et de la BM, pour pousser, en particulier, les pays pétroliers à gaspiller leurs revenus pétroliers, à s’endetter (on ne prête qu’aux riches,n’est-ce pas?) Pour s’en convaincre, il suffit de disséquer chaque contrat : des conditions d’attribution, du choix et d’étudier les différentes retombées sur les populations,jusqu’aux contrats de maintenance sur presque un quart de siècle, sans aucun transfert de technologie. Tous les pays africains pétroliers ont été sous influence de cette politique d’infrastructures encouragée par le FMI et la BM pour booster les taux de croissance des pays qui raflent tous les contrats. Des infrastructures qui, très souvent, sont des éléphants blancs. Au lieu de gérer avec parcimonie, les revenus pétroliers et de bien réfléchir avant de les gaspiller,les dirigeants sont poussés à la dépense avec une effroyable propagande du Président bâtisseur. Le Tchad a, ainsi, avant de percevoir les revenus pétroliers,obtenu très facilement des prêts qui sont en fait, une vente avant production de millions de barils de pétrole. Une belle arnaque.Tout simplement.
I comme ivresse du pouvoir. Ce goût du pouvoir est une ivresse sans alcool, elle explique tant de choses, tant de dérapages, tant de compromissions pour y rester. Seuls comptent les moyens à posséder pour conserver ce pouvoir. Selon les pays, on verra des tripatouillages des textes, une élimination d’opposants, une liquidation des intérêts du pays, d’importantes actions d’achats de consciences.
J comme jeunesse. Jeunesse africaine, avenir de nos pays, aujourd’hui, elle est plus instruite que celle des générations passées, mais dépolitisée et sans idéaux. La jeunesse européenne se mobilise contre la finance internationale, contre le libéralisme sauvage qui ferme les usines et les met au chômage. La jeunesse africaine doit se mobiliser,entrer en politique pour se faire entendre contre le pillage de nos richesses qui les empêche d’avoir un emploi. La francafrique la voit comme une bombe à retardement, se méfie d’elle, les gouvernements la craignent et cherchent à la divertir.A quand le réveil ?
K comme kilos. Parler de kilos renvoie à évoquer l’image de l’homme politique. Depuis que les stratèges en communication ont démontré que la politique était une affaire de séduction des électeurs, le politicien se doit de soigner son image. S’il arrive à se créer un style vestimentaire,c’est un plus, il sera tout de suite imité par ses militants et par son entourage. De nos jours, la tyrannie de la minceur véhiculée par les magazines, nous met sous pression et voilà que les Présidents sont mis au régime, font du sport pour être plus séduisant. De même, pour le candidat à l’élection présidentielle, son conseiller en communication veillera sur son image,ses tenues,ses discours. Sa coiffure aussi, ainsi est-il possible à un candidat à l’élection présidentielle au Sénégal de garder une tignasse ? Comment est-ce possible quand il doit accomplir la prière du vendredi à la mosquée et doit donc obligatoirement mettre sa boule à zéro. Tout sera mobilisé pour en faire un bon candidat.
On peut être un bon candidat, arriver même à gagner une présidentielle mais être un bon président, c’est tout à fait autre chose.Deux exemples ; celui de Barack Obama et d’Emmanuel Macron qui, aujourd’hui, peine à convaincre ceux qui ont voté pour lui.
L comme lois. On dit souvent force doit rester à la loi. Les lois de la République doivent s’appliquer à tous. Mais au quotidien, la réalité est tout autre. Ce sont les rapports de force qui font que la loi s’abat sur le citoyen comme la foudre ou reste suspendue, quelque part dans les airs, pour certains. Avec violence, des décisions de justice sont exécutées pour certains alors que d’autres grâce à leurs relations politiques peuvent bloquer leur exécution.
Il y en a, pour qui, on modifie les lois(le Président Hissein Habré) pour rendre possible leur élimination. Il y en a, qui vont bénéficier des lois de circonstances pour les aider à sortir de situations difficiles. « Comme être intelligent, il viole sans cesse les lois que Dieu a établies et change celles qu’il établit lui même. » disait déjà Montesquieu dans l’Esprit des Lois.
M comme magouilles. Une bonne magouille est celle dont il ne serait pas possible de révéler l’auteur et le bénéficiaire. Elle aurait ainsi réussi et elle est alors appréciée, admirée par le Chef et personne alors ne contestera son utilité.
M comme médias.Véritable pouvoir de fabrique de l’opinion, de manipulations, de diversions, l’homme politique au pouvoir cherche à les contrôler qu’il s’agisse de la presse écrite, audiovisuelle ou des réseaux sociaux aujourd’hui. On leur attribue des pouvoirs mirobolants. Une chose est sûre, c’est que toute accession au pouvoir implique la possession des outils audiovisuels .Pour passer à la télévision de nombreux professionnels de la politique sollicitent avec empressement les journalistes qui, eux aussi, sont contents de voir leur côte ou leur plume montées.
Toutefois certains hommes politiques fuient comme la peste les médias par peur de subir une dépréciation de leur image. De nombreux hommes politiques croient dur comme fer que leur apparition dans les médias va améliorer leur image. Au Sénégal, Macky Sall est devenu Président sans avoir fait, un jour, une émission de télévision.Karim Wade a affiché ses ambitions politiques mais a toujours évité les médias.
N comme Non. Y a t-il une vertu du Non en politique? Révolte, soulèvement, désobéissance, opposition. Le geste de celui qui dit Non n’a pas à s’autoriser ou d’être jugé par un tiers, parce que tout simplement, cette situation lui est insupportable et qu’en outre, il est la personne qui prend des risques inouïs “. Révolte contre-productive, inutile, risque d’échec, ou avènement d’une situation pire que celle actuelle, autant d’arguments qui n’ont aucun poids au regard de l’engagement de celui qui se lève et dit Non et au regard des lois de l’Histoire.
O comme opposants. On dit souvent les opposants doivent s’opposer et ceux qui ont le pouvoir doivent gouverner .Seulement voilà, ceux qui ont le pouvoir n’ont qu’une seule obsession, c’est d’empêcher que l’opposition s’exprime, agisse, les critique et puisse dans le cadre d’un jeu démocratique leur succéder. Et on a aussi très facilement, ce commentaire : « C’est de bonne guerre ! » Comment s’étonner alors que ces pratiques de la chasse aux opposants deviennent de plus en plus sophistiquées. Harcèlement fiscal, poursuites judiciaires, débauchage dans votre équipe,corruption,fraudes informatiques etc. La compétition démocratique tourne en une action de neutralisation de l’opposant pour justement empêcher toute compétition réelle, saine, à armes à peu près égales .Est-on toujours en démocratie ?
P comme plume. Les spécialistes en communication conseillent aux hommes politiques d’écrire un livre pour exposer leur vision, pour parler d’eux. Dans les faits, ce ne sont jamais de grands succès de librairie. C’est fait pour la Com, pour montrer que l’homme politique est conscient de sa valeur et de sa vocation. Tous les Présidents français se sont prêtés à l’exercice même s’ils ont signé de leur nom des pages écrites par des plumes de l’ombre, des ghostwriters comme disent les américains. En Afrique aussi,mimétisme des pratiques oblige, les cellules de communication l’ont conseillé aux Présidents et certains hommes politiques s’y sont mis aussi.
Q comme quotas. Selon son certains, le quota a été inventé pour attirer et intéresser plus de femmes à la politique. Si, au début les hommes ont applaudi, très vite, la mesure leur a paru très peu ingénieuse quant il s’est agit de désigner des femmes dans toutes les instances du parti, du gouvernement, pour les candidatures dans les élections. Dans la plupart des cas, les quotas, la parité ne sont pas respectés et les femmes ont oublié de le crier haut et fort. Les femmes politiques, porte voix, se sont laissées phagocyter par des promesses qui ne seront jamais tenues.
R comme responsabilité.Dans la France, »notre référence »,comme disent certains, le Président de la République, bien qu’occupant de hautes responsabilités, n’est responsable de rien du tout. On a ainsi jamais entendu un Président français déclaré qu’un de ses ministres qu’il a choisi, est responsable d’une quelconque faute. Lors de l’affaire du sang contaminé, on a entendu dire que le ministre est responsable mais pas coupable donc pas condamnable. Chirac avec les fausses factures de la Mairie de Paris, Sarkozy avec le financement de sa compagne par Kadhafi dont on attend encore l’évolution. Tout l’ordonnancement de la Ve République assure immunité et impunité au Président français. Ainsi, dans ce système politique, on aura relevé qu’un Benzéma, footballeur mis en examen pour une affaire d’extorsions de fonds mais pas condamné, a été jugé indigne par le Premier Ministre Manuel Valls, de faire partie de l’équipe de France de football mais un ancien Premier Ministre François Fillon, mis en examen,lui aussi, pour emplois fictifs,était toujours digne de participer aux primaires pour être candidat à l’élection présidentielle. Délirant !
S comme secrets. L’exercice du pouvoir politique fait une part non négligeable au secret.Beaucoup de documents sont estampillés : Confidentiel, Très Confidentiel, Secret Défense etc. .
Le secret est aussi synonyme d’efficacité dans l’action. Après le pouvoir, conserver des secrets, c’est une garantie de sécurité personnelle. C’est pourquoi beaucoup de secrets restent vraiment secrets. Certains qui sont dévoilés relèvent parfois de la manipulation et sont faux..
S comme succession. Par superstition peut-être,les hommes au pouvoir refusent de la préparer.Lorsque l’on parlait à De Gaulle, d’un vice président à l’américaine appelé à lui succéder en cas de drame, il balayait cette idée en ces termes : »Ce sera ma veuve. » Giscard a estimé qu’il était le seul à se succéder à lui même. Mitterrand, pour esquiver la question des journalistes,proclamait que le monde entier digne de sa succession,ce qui revenait à n’investir personne. En Afrique, certains ont pensé à leurs enfants pour leur succéder. Au Gabon et au Togo, c’est devenu réalité. Beaucoup d’hommes politiques ont rêvé succéder à leur Chef. La querelle du fils biologique avec le fils spirituel au Sénégal. Michel Rocard avec Mitterrand, Alain Juppé avec Chirac. Ainsi les guerres de successions entraînent parfois des haines et des querelles durables sur l’échiquier politique.
T comme Travail. Abdoulaye Wade disait : »il faut travailler, encore travailler, toujours travailler «
Tous les africains travaillent chaque jour ; hommes, femmes,vieux,enfants mais où va le fruit de leur travail ? Question à nos économistes!
U comme Unité. Unité nationale, union nationale. Tous les discours l’évoquent. Thème très mobilisateur et efficace. L’unité est inscrite dans la Constitution : « La République est une et indivisible » Ce thème permet à l’homme politique de se présenter comme le père de la nation. Cependant, il n’a de sens que s’il trouve une traduction dans la réalité. Il doit être porté par des décisions réelles, par une politique qui répond à l’attente de la nation dans son ensemble. L’unité est mise en danger par les divisions. De Gaulle disait en 1947: « Depuis l’aurore de notre histoire, nos malheurs furent toujours en proportion de nos divisions. » C ‘est tout à fait valable pour nous.
V comme voyages. Être Président signifie qu’il faut beaucoup voyager. Certains adorent, d’autres pas du tout. Ceux qui aiment, vont très rapidement changer d’avion présidentiel, pour être à l’aise. Le Président ne voyage jamais seul mais fait profiter de l’avion présidentiel à de nombreux membres de son staff, du gouvernement, des membres du parti et des courtisans. Certaines destinations sont plus courues que d’autres.
W comme Wax waxeet. Le Président Wade avait revendiqué le droit de « dire quelque chose et de se dédire « , ce qu’il avait résumé dans cette petite phrase « Wax waxeet ».Ces mots sont devenus célèbres et se sont inscrits parmi les concepts négatifs en politique.
X comme xons. Ce sont les pratiques mystiques, de sorcellerie qui jalonnent la vie politique et sociale un peu partout. Jacques Chirac consultait des marabouts maliens, Mitterrand appelait son astrologue Elisabeth Tessier avant une réunion internationale. La sorcellerie, le maraboutage font partie de la politique.Ne dit-on pas que l’homme est plus un être irrationnel que rationnel ?
Y comme Yacht. La virée de Sarkozy à peine élu,dans le Yacht de Bolloré , a été, en quelque sorte, l’accomplissement d’un rêve qu’enfin le pouvoir pouvait exhausser. Nos élites même vivant en bordure de mer et ayant les moyens,ne vont pas s’offrir des yachts . Les populations africaines vivant en bordure de mer, n’en tire que le poisson pour se nourrir. Pas de yacht, pas de bateaux de plaisance. Pourquoi? La mer, c’est la traite négrière, c’est l’esclavage. Ces mauvais souvenirs sont-ils restés imprimés dans nos mémoires,inscrits dans nos ADN malgré le temps ? Fort possible …À étudier. La victoire électorale de nos Présidents se fête donc avec les militants en terre ferme.
Z comme Zouker. Le Président français Emmanuel Macron a zouké aux Antilles lors de sa tournée électorale, récemment Macron a fait un dab avec Pogba à l’Elysée. De nombreux Présidents dansent en public lors des cérémonies officielles devant leurs militants ou encore lors des déplacements en voyage. Le Président Oumar El Bechir du Soudan est un grand danseur,il aime danser donc le fait sans hésiter en public. Barack Obama aussi. Si certains le font avec plaisir parce que l’on toujours fait et en cela, ne consulte pas leur gourou en communication, il est certain que,pour d’autres, l’exercice est un peu calculé,organisé.
A méditer.
Par Mme Fatimé Raymonne Habré
Cette chronique a été publiée ce jour 22 septembre 2018 par le journal Dakartimes