Toujours dans cette obsession qui l’habite, à savoir veiller à ce qu’aucune personnalité tant militaire que civile n’émerge, on peut faire le constat que parmi ceux qui sont arrivés au pouvoir avec lui, il a fait le vide. Soubiane est enfermé dans un placard, on voit mal comment il pourra en sortir. Maldom est décédé dans des circonstances troubles, tout le monde se rappelle, avec quelle précipitation, il a été enterré. Mahamat Ali Abdallah est surveillé comme du lait sur le feu. Sa trajectoire en dents de scie le prouve amplement, il fut plusieurs fois ministre, puis ambassadeur du Tchad en France ; au moment de l’entrée des rebelles à Ndjaména en 2008, lui seul était visible. Ses relations avec les Zaghawa du Soudan lui ont assuré protection. Toujours est-il que Deby s’en méfie, il le dérange d’où son maintien à distance ; aujourd’hui, après 20 ans, il n’est que conseiller à la présidence. Autant dire qu’il est à la « fourrière ». Pour Deby, il ne peut y avoir un numéro 2 dans son régime, d’où la tournure familiale qu’a pris son régime, gage de sécurité et de pérennité, selon sa philosophie du pouvoir.
Parlant des frères Erdimi , il a déclaré au micro de RFI « ils ont essayé de m’assassiner…. » des mots forts et excessifs mais qui illustrent parfaitement ses états d’âme, à savoir que toute personne qui exprime des ambitions équivaut pour lui à une tentative d’assassinat contre sa personne. C’est aussi la preuve qu’il ne conçoit son départ du pouvoir que par sa disparition physique, telle est la conception de celui qui a, parait-il, apporté la démocratie et la liberté au peuple tchadien.
Le clan est le bras exécutant du pouvoir, tous les gros scandales ont été montés par le clan. Depuis la rébellion des Erdimi, les cercles du clan se sont restreints, désormais, il faut porter la particule « Itno » pour être dans le saint des saints. Ainsi, le régime clanique et familial tourne sur lui-même, isolé de la population, ne pouvant mobiliser les Tchadiens, et avoir des soutiens non achetés ; d’où l’élargissement des cercles du pouvoir et de la mangeoire aux membres de ses belles familles. On est bien mieux entre soi.
Son discours politique
De manière triviale, on présente souvent le soldat comme étant quelqu’un qui n’a rien dans la cervelle, se contentant d’obéir tout en étant un bon vivant. Deby n’a aucun discours politique parce qu’il n’a pas d’idées propres. Il navigue entre incohérences, mensonges et une espèce d’autosatisfaction. Impulsif, il l’est en politique ; ainsi, parfois il se lance sans avoir la moindre capacité de discernement, par exemple : il a décidé de donner le nom d’une rue à Goukouni WEDDEYE, pourtant celui-ci est encore vivant, du jamais vu ! Il déclare souvent que si les gens ne l’aiment pas, c’est parce qu’il est intransigeant avec la souveraineté du Tchad ! Parfois, on se demande, s’il comprend le sens de certains mots. La plupart des gens qui travaillent avec lui sont parfaitement au courant de ses lacunes ; ils en tirent profit en s’organisant malicieusement pour développer un discours de griot et détourner massivement les deniers publics. Listez le nombre de proches de Deby qui sont devenus milliardaires en quelques années. Faites la liste de ceux qui ont des biens immobiliers à l’Etranger, vous en serez édifiés.
Pourquoi le pays va mal et est dernier en tout ? Parce que les Tchadiens ont compris qu’un clan a mis le pays en coupe réglée et pompe injustement, au vu et au su de tous, toutes les ressources du pays. Beaucoup de responsables disent « on s’en fout de ce type, on essaye d’en profiter au maximum, c’est tout ! ». Il a dernièrement déclaré dans une espèce de show médiatique à la télé, ne pas être au courant de l’existence de barrières douanières, de multiples taxes prélevées sur les marchandises entre les villes, exemple : du poste de douane de Ndjamena à Massaguet , il y a 13 barrières douanières ; ainsi, pour un sac de riz importé du Cameroun et convoyé à Massaguet, le commerçant paie donc 13 fois la douane sur une distance de 80 km ! Pour comprendre jusqu’où va l’indécence, le cynisme d’Idriss Deby, il faut savoir que ses propres sœurs et leurs enfants contrôlent la douane, que les barrières sont le fait des membres du clan, ce que tous les Tchadiens connaissent et vivent au quotidien. Des membres de la famille et du clan qu’il a lui-même nommés à ces postes.
Il a osé dire « les gens ont abusé de ma patience pendant 20 ans » au sujet des barrières et du prélèvement de multiples taxes. Cela veut dire qu’il était parfaitement conscient de tous les abus, qu’il a patienté et fermé les yeux parce que cela l’arrangeait et ce pendant 20 longues années. Il faut le faire et surtout oser le dire. A l’approche des élections, un discours purement électoraliste et démagogique à souhait sur la cherté de la vie a lieu en ce moment. Il retombera de lui-même, une fois les résultats, connus d’avance, proclamés. Il affiche une grande satisfaction quand il convoque au palais l’ensemble de la classe politique comme récemment, pour changer les dates des élections, et décide sans débat d’adopter par acclamations sa proposition, et le plus incroyable, c’est qu’il se lève, applaudit, félicite tout le monde, pleinement satisfait.
Il ose dire que tout le monde doit cultiver, que lui-même et ses proches ont des champs, qu’ils n’achètent plus le mil au marché et qu’il a même réussi à avoir un surplus par rapport à ses besoins. Lui et ses proches s’emparent de terres gratuitement, avec les milliards détournés achètent des tracteurs, importent le reste sans payer la douane. L’eau leur est donnée gratuitement, la main d’œuvre bon marché, et pour couronner le tout pas d’impôts à payer. Ce sont les gentlemen farmer dont la télétchad vante tant les exploits, ils s’appellent Saleh Deby, Issakha HAGGAR, Brahim Mahamat TOLLI et autres, sans oublier bien sûr Idriss Deby himself. Comment manquer à ce point de respect aux pauvres paysans !
Il a une imagination fertile et diabolique, quand il s’agit de trouver les moyens pour se débarrasser de personnes qui se sont opposées à lui, ou de gens susceptibles d’être des concurrents. Passons en revue ses sinistres méthodes : on a eu le commando à domicile, puis l’attaque dans la rue, l’achat d’opposants au Nigeria, le troc d’opposants au Niger, l’assassinat sur la table de négociations, le saut sur des mines télécommandées à distance, l’empoisonnement et l’accident d’avion provoqué par un tir . Au micro du journaliste ELKABBACH, il déclara au sujet de la retraite des rebelles de Ndjaména « nos forces sont en train de les poursuivre et j’espère qu’on pourra mettre la main sur lui (Timane ERDIMI) ». Comment peut-on faire confiance à un type qui s’exprime ainsi en laissant éclater au grand jour ses méthodes assassines ?
Avoir à la tête de notre pays un homme qui n’a aucune vision propre aucun nationalisme, peut constituer un danger car le devenir du pays et de ses populations ne peut en aucun cas être une préoccupation pour lui, seul son maintien au pouvoir le préoccupe. Se sachant détesté – puisqu’il l’a reconnu lui-même « je sais que vous ne m’aimez pas » a-t-il laissé échapper à la télévision quand la population avait accueilli les rebelles avec des cris de joie et pillé toutes les résidences des membres de sa famille – il est plus que jamais insensible, sourd et aveugle à la détresse des populations. Interdiction d’utiliser du charbon, de couper du bois, d’utiliser les sachets en plastique. Du jour au lendemain, ces mesures ont été imposées à la population. On a vu les familles, acheter massivement de la bouse de vache séchée, ou mélanger du sable et du gravier et le surchauffer. Des choses absolument invraisemblables qui ne pouvaient se produire dans un pays normal. Sa cruauté est légendaire, il l’a largement démontré quand il a fait bombarder le marché central par ses hélicoptères, arrêter et torturer les opposants, donnant carte blanche à ses hommes pour exécuter et violer à souhait.
Tous les travailleurs qui ont fait des grèves ont fait les frais de sa folie. Par exemple, une grève avait paralysé le service des urgences des hôpitaux, il a donné des ordres pour que personne ne discute avec les grévistes, et ce des mois durant, la capitale tchadienne peuplée d’environ 2 millions de personnes a vécu plusieurs mois sans aucun service d’urgence ! Totalement désemparées, les populations traversaient le fleuve Chari pour se rendre au Cameroun voisin et faisaient des queues interminables pour se soigner. Cette situation de folie totale a suscité un reportage des medias camerounais. Dans son entourage, on se félicite de son attitude. Deby pouvait bomber le torse car il a maté et pour longtemps les syndicalistes.
Idriss DEBY et le piège ethnique
Il est profondément ethniciste, pour lui, sa survie au pouvoir, entendez celle de son clan, passe par la division et la zizanie qui doivent exister ou être créées au sein des autres groupes. Il a ainsi crée de multiples chefferies dans chaque groupe ethnique important, engendrant de facto de grandes divisions ; à contrario, l’homogénéité règne au sein de son clan rassemblé autour d’une chefferie usurpée par son frère. Lors des réunions du clan, il se signale par la tenue d’un discours sectaire et haineux envers les autres groupes ethniques. Voilà un homme qui est à la tête de ce pays depuis 20 ans, qui a eu les milliards du Pétrole et comment a-t-il raisonné ? Comment a-t-il travaillé ?
Un exemple.
Ati n’est-elle pas autrement plus importante qu’Amdjaress, (hameau de moins de 50 personnes considéré comme le village natal de Deby et doté d’ infrastructures de rêve, lieu de villégiature et de bombance pour le roi fainéant), en terme de population, de richesses, de contribution au PIB, ATI est 100 fois plus importante qu’Amdjaress, et bien, qu’est-ce qu’il y a à ATI ?, il n’y a rien du tout, la télévision tchadienne embarrassée, n’a pas pu promener sa caméra pour nous montrer ce que le régime MPS a réalisé. C’est aujourd’hui, 20 ans après que Deby a promis écoles, hôpitaux, université, etc… C’est cela son côté ethniciste.
Un autre exemple, il a clairement refusé de faire réparer l’unique château d’eau de la ville de Faya Largeau en panne depuis 17 ans !
A l’heure où les populations du Kanem sont décimées par le choléra puisqu’on a compté officiellement plus de 1240 cas dont plus d’une centaine de morts. Sans perdre son temps avec ces histoires ,Deby et sa cour se sont déplacés à Amdjaress pour s’amuser et offrir des cadeaux de plus de 80 millions à de jeunes chameliers ayant gagné une course de chameaux .Comme on dit au Tchad « ce qui ne te touche pas personnellement ou ne touche tes proches, touche du bois » .
Sur l’ensemble des forces de la rébellion qui ont rallié, une sélection ethnique est faite minutieusement pour enrôler et positionner certains, et larguer d’autres, jugés indignes de confiance.
Le groupe consultatif de la Banque Mondiale sur le projet pétrolier a bien relevé le choix ethnique opéré par l’équipe de Deby dans les réalisations des infrastructures, « contribuant ainsi à entretenir et à créer des divisions inter-communautaires et d’importantes frustrations dans un pays qui demeure encore fragile ».
A suivre la 4ème et dernière partie