L’exercice du Pouvoir : Idriss Deby, un homme violent et impulsif.
Idriss Deby fait peur, très peur même, tous ses collaborateurs tremblent car sa violence est connue de tous. C’est un homme impulsif. Peut-on compter le nombre de cadres, de ministres, qui ont reçu, soit un coup de pied, soit le cendrier sur la tête, ou encore un coup de canne, sans compter les ordres de bastonnade. L’actuel DG du service de la communication de la présidence, M. Dieudonné Djonabaye en a fait l’amère expérience. Même les premières dames en savent quelque chose. Dans l’armée, sa violence est connue, ses dérapages nombreux.
En tant que militaire, il n’a pas la réputation d’être un homme brave mais plutôt d’être quelqu’un qui sait diriger ses hommes. Sa conception de l’armée n’a rien à avoir avec ce qu’on a pu lui enseigner à l’école militaire. L’armée est un outil de conservation du pouvoir et de défense de ce pouvoir. Elle doit par conséquent rester totalement sous son contrôle. Parmi les membres du clan, il fera princes tous ceux qui seront prêts à le défendre réellement. Ceux qui prennent des risques pour le pouvoir, auront grades, puissance et argent et seront intouchables. C’est toujours vrai. En mettant en avant le fait qu’il est un soldat, il montre par là que c’est un élément de valorisation de sa personne, à contrario, il déteste les hommes brillants et compétents.
Idriss Deby n’a jamais participé à la guerre contre la Libye, malgré toute la propagande, malgré ses propres mensonges, car Idriss Deby était en formation à l’école de guerre en France (tout un chacun peut le vérifier) pendant les plus grandes batailles pour la reconquête du Nord du Tchad occupé par les forces libyennes et les forces de Goukouni Weddeye. Mentir ne le dérange guère.
En 20 ans de pouvoir, on peut dire que l’épine dorsale de son régime repose sur deux piliers. A savoir ; d’une part, l’élimination des opposants qui ont été littéralement broyés et d’autre part l’accaparement total des ressources du pays au profit de son clan exclusivement. (Nous vous invitons à consulter le dossier du site Tchadantropus très complet sur cette question).
LES OPPOSANTS BROYES
Très tôt, ceux qui ont cru « au Vent de la Démocratie », l’ont payé cher. Les cadres du RDP (parti politique d’opposition aujourd’hui rallié au régime) comme Mamadou Bisso et ses amis ont été exécutés dans leur domicile par la garde présidentielle. Maitre Joseph Behidi, premier président de la LTDH (Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme) a été liquidé dans la rue. Colonel Abbas KOTI Yacoub, un de ses compagnons, partis en rébellion, puis signataire d’un accord de paix parrainé par la Libye et le Soudan, est rentré au pays, quelques jours plus tard, en plein jour, un commando l’attaqua et le tua à son domicile. Bichara Digui, cadre d’un parti d’opposition fut mitraillé dans sa voiture après un long emprisonnement.
Des centaines d’opposants refugiés au Nigéria furent achetés aux autorités nigérianes, convoyés dans des voitures et exécutés pour la plupart, parmi eux, le secrétaire d’Etat Boukhari et Goukouni Guet, des ONG nigérianes, la presse Nigériane l’ont dénoncé, la presse française en a fait état. La FIDH saisie n’a pas bougé, Deby étant le protégé de Paris. L’actuel ministre de l’intérieur Oumar Kachallami faisait partie du lot et des rares rescapés.
Le Député Guetti Mahamat a sauté sur une mine télécommandée posée devant son domicile, même procédé pour Youssouf Togoimi, lequel a été grièvement blessé avant d’être achevé à Tripoli avec la complicité des Libyens qui refusent toujours de rendre son corps à sa famille. Moise Kété a été abattu sur la table de négociations, Laokein Bardé a lui aussi été abattu dans son logement lors de négociations en pleine nuit.
Le Colonel Mahamat Fadil et le capitaine Ouleda Nouri ont été extirpés d’un camp de refugiés du HCR au Niger et livrés par feu Président Baré Mainassara contre un soutien militaire de Deby pour détruire la rébellion toubou et touareg du Niger.
La liste est longue et est révélatrice de l’état d’âme d’un homme en proie à une angoisse sourde. Tant qu’il n’a pas éliminé la personne qui a, à un moment donné, exprimé ses ambitions, il ne peut connaitre la paix. Il a éliminé beaucoup de gens par anticipation, si vous êtes un cadre avec une base politique, issu du Nord et exprimé des ambitions politiques, vous n’existez plus ou êtes à l’extérieur et donc en sursis. Les récentes révélations sur la mort non accidentelle d’Ahmat Lamine ALI (ministre) et Abderrahmane Dadi (coordonnateur du projet Pétrolier) en témoignent. Nous reviendrons sur cette affaire. Tous ces cas précités sont moins connus à l’étranger. En revanche, l’assassinat de M. Ibni Oumar Mahamat Saleh, liquidé on le sait aujourd’hui parce que les Français avaient pensé à lui pour le mettre au pouvoir à la place de Deby en vue d’empêcher l’arrivée au pouvoir des rebelles. Une fuite organisée par une personne de l’état major français en direction de Deby, signa l’arrêt de Ibni. C’est son coté cruel qui le rapproche d’Idi Amin Dada.
Cette obsession de faire le vide autour de lui, le pousse à ne pas former de hauts cadres dans les écoles de guerre comme il l’a été lui. Il sait que ces écoles militaires sont un cadre de recrues pour la DGSE pour d’éventuels coups d’Etat. Il ne supporte pas les hommes brillants ayant une base politique, ils constituent pour lui une menace.
Voilà pourquoi en 20 ans de pouvoir, c’est le vide autour de lui, sa sécurité c’est l’instabilité continuelle dans l’équipe dirigeante. Il a grillé près de 20 premiers ministres qui sont remerciés avant qu’ils ne puissent travailler et récolter les fruits de leur gestion que ce soit vis-à-vis de la population ou aux yeux des partenaires occidentaux. Il les empêche ainsi d’être d’éventuels concurrents.
Ces lacunes sont tellement criardes, que ceux qui travaillent avec lui le sous-estiment. Ainsi, Soubiane a cru réellement que Deby allait respecter la Constitution et ne pas se représenter. Nos frères du Sud ont cru que les Français ont mis Deby pour leur passer le témoin par le jeu démocratique. Tom et Timane Erdimi ont cru qu’après lui, ce serait leur tour. Malgré ses insuffisances, il surveille attentivement ses « proies ».
Idriss Deby ou le reniement constant de ses engagements : un homme sans parole et sans dignité.
Comme on l’a vu, un de ces traits de caractère dominant est le reniement constant de ces engagements. C’est loin d’être un homme d’honneur, il lance un appel à la paix, vous êtes en rébellion, vous décidez de signer un accord de paix, vous rentrez, il vous fait arrêter ou mitrailler. Le dernier fait en date du mois d’octobre 2010, concerne les responsables de la rébellion qui ont quitté le Soudan pour le Qatar, ses conseillers ont négocié avec eux. C’est ainsi que plusieurs sont rentrés, 48 h après, il les arrête. Devant l’indifférence générale des soi disant ONG des droits de l’homme et même de la communauté internationale présente au Tchad, octroyant de fait un permis de tuer à Idriss Deby. Comment s’étonner alors que le recours aux armes soit la seule voie pour exprimer une contestation ?
Liquider les opposants et empêcher l’émergence d’un homme susceptible de le remplacer, accaparer toutes les ressources publiques au profit du clan, mais surtout appauvrir les autres, les humilier totalement, la pratique du viol des jeunes femmes participe de cette politique de soumission des autres. Cette arme est utilisée pour dire aux autres groupes ethniques « Nous sommes là !».
Troisième partie, à suivre…